Le vent souffle le frais et le doux sur Kinshasa.


Le vent souffle le frais et le doux sur Kinshasa. Une douceur aux couleurs flamboyantes du majestueux fleuve Congo. Laissant à son passage les odeurs tendres de Kamundele de Bandal et la saveur douce de la bière mousseuse de Beau Marché. Jeans noir, T-shirt blanc en dessous d’une veste lino chiffonnée qui dégonfle l’arrogance du noir et blanc, je débarque à Ndjili, l’aéroport international du Congo.  Neveu et chauffeur m’attendent dehors. Le premier m’appelle président. Le second me nomme ‘oncle’. Oui, j’en ai besoin après un long hiver, le plus long hiver criminel que j’aie connu en Europe et qui a dégradé la valeur de mon humanisme.  On longe le boulevard Lumumba qui ressemble à un boa dormant après avoir rafler, dévorer et avaler des populations de Ndjili, Kimbaseke, Kingasani, Masina, Limete, la lourdeur se sent dans les secousses. Elle se sent dans les entrailles des bouchons. De longs bouchons ; des kilomètres interminables.


C’est clair que Barack Obama, le président américain n’est pas passé par ici.  Sinon il y aurait un chantier qui s’appellerait Barack, Michel, Malia ect et qui permettrait à boucher les troues dans les routes Chinoises provoquées par les ‘Esprits de morts’, ces carcasses-kamikaze- Mercedes 223, fourgons européens qui font office de taxibus, envoyés par la très généreuse diaspora congolaise pour le bonheur et la survie de la famille aux couleurs locales. Un papa sort d’un Esprit des morts dans sa chemise blanche et ses chaussures à la peau de croco. Nous sommes à Limete, 12e rue.
Une maman descend du même Esprit des morts. Elle se plaint auprès du papa. ‘Papa tu as marché sur mon pied’.
Papa regarde maman avec un regard plein de venins, mépris et dédains du pied jusqu'à la tête, jusqu’au dernier cheveux. Un regard tel une raquette de la Nasa.  
Maman est là en face du papa. Elle attend un petit mot : ‘pardon’.
Papa persiste avec son regard de haut en bas et signe : ‘ Yo, bonkatier, yuma, muyaka, muluba moko boye. Soki olingi ba nyata yo te, zua taxi booking. Yo omoni oyo Kabeya Kamwanga ? Banda Yes, Bula, Ndumba, Londonienne moko boye, Prend un taxi si tu ne veux pas être piétinée, espèce de sale pute, villageoise…"
La bouche du papa ressemble à une arme automatique à insultes. La maman regarde, secoue la tête, rigole et apprécie la beauté, l’élégance, la rapidité et facilité avec laquelle le papa parle.

‘ Kinois heeeee!’, s’exclame-elle !  Okakoli nga penza ! C’est ça le Kinois. Un véritable, un vrai, un Kinois original qui ne se laisse jamais faire. Papa, oza danzer. Kende na yo. Na leli yo mabe! Tu es fantastique, vas y. Je t’adores!’


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