Tu sais…tu te rappelles de moi ?

Bonjour!

Tu sais…tu te rappelles de moi ? Tu te rappelles de ce jour là où je suis entré dans ton bureau du Boulevard du 30 juin pour changer la date de mon voyage vers Kananga ?  Tu m’avais bien accueilli. Tu m’avais bien traité, comme un client particulier, je ne l’étais pas mais je t’en suis reconnaissant. Tu te rappelles de la question que tu m’as posée ? Moi, je me rappelle de toute la conversation. Je me rappelle  de tous les détails de notre conversation. Je vois encore cet accent grave sur ton visage quand tu me posais la question de savoir :

‘ Ba mindele na bino bakoya kozua mutu na bango mokolo nini ?’

Je t’ai posé la question de savoir qui est cet homme de blancs que les blancs de chez nous allaient venir récupérer. Tu avais du mal à citer le nom de la personne en question. Seulement tu avais peur des murs aux oreilles longues comme le nez de Sha Mazulu. Tu as oublié que je pouvais être l’un ses murs ! Je t’en félicite.

Tu sais… Tu te rappelles, quelque part dans notre conversation, je te disais que Moto ezo pela mais tozo zika te. Là tu n’a pas caché ton émotion. Tu m’a tout de suite arrêté et tu m’a dit ceci: ‘c’est faux. Le feu brûle et nous brulons avec’.

Tu m’a demandé d’aller dans des écoles de Kin pour voir les conditions dans lesquelles les enfants étudient ; pas des craies, pas des bancs, pas des cahiers, pas de livres, de professeurs non qualifiés, le directeur sans salaire.  Tozo zika !

Tu m’as ensuite demandé d’aller frapper aux portes des Kinois pour voir ce qu’ils mangent le matin, à midi et le soir. Tozo zika !

Tu m’as demandé d’aller faire un tour à la Fonction publique. Des fonctionnaires avec 360 mois de salaires non payés ! Tozo zika !

Tu m’as demandé de regarder sur le Boulevard du 30 juin comment les gens se bousculaient pour avoir un taxi, comme la Deuxième guerre Mondiale ! Tozo zika. Oui, moto eza kopela batu baza ko zika. Tozo zika !

Oui, nous sommes dans l’enfer.  Le feu brûle et nous brulons avec.

Tu sais...tu…tu te rappelles que je t’ai dit : prenez-vous en charge ?

Merci pour la conversation. Merci pour ton accueil chaleureux. Merci pour ton engagement. Je ne t’oublierai jamais.